Jour 1 :

Départ de Paris vers 10h30, avec changement à Madrid, et arrivée comme prévue à Lima vers 18h00 (décalage horaire de 7h00). Belles visions de la "selva" (la forêt amazonienne) et de quelques sommets enneigés avant l'atterrissage dans la capitale du Pérou.
Nous choisissons de passer la nuit à l'aéroport qui semble assez sûr, car notre vol pour Cuzco est tôt le lendemain. Après notre reconfirmation sans problème pour celui-ci avec la compagnie aérienne locale AeroContinente, nous allons nous installer pour une (courte) nuit dans la salle d'attente du 1er étage. Pour essayer de dormir, il faut se contenter d'une rangée de 3sièges métalliques ou du sol. Par prudence, nous préférons faire en sorte qu'il y ait toujours quelqu'un d'éveillé pour surveiller nos affaires.
Tout au long de la soirée (et de la nuit), des péruviens se rassemblent près de la baie vitrée de la salle pour regarder les avions décoller ou atterrir. Il semble que cela soit un "privilège" pour les membres de la famille, venus accompagner ou accueillir un des leurs, de pouvoir contempler le bal des avions (mais je me trompe peut-être, et ce ne peut être une manière comme une autre de passer la soirée). En tout cas, il est bien difficile de dormir avec les enfants braillant jusqu'à 2 h du matin.
Dans la salle, il y a une vingtaine d'autres touristes qui pour la plupart rentrent chez eux. Deux français sont restés une semaine autour de Cuzco et Machu Picchu. Ils ont manqué de chance, car retardés par une grève surprise des employés du chemin de fer, ils n'ont pas pu effectuer le célèbre trek du Chemin des Incas (nous ne savons alors pas encore que nous serons nous aussi confrontés à la grève).
 

Jour 2 :

Après une nuit bien courte, nous allons enregistrer vers 4h20 (le vol n'est qu'à 6h00, mais il est conseillé de prendre ses précautions avec les compagnies locales) puis prendre tranquillement un petit déjeuner dans un mini-self à l'occidental qui ne vend que des torros. En allant à l'embarquement, on ne peut franchir la porte car nous n'avons pas (involontairement) payé la taxe d'aéroport: 12 sols (quand je disais qu'il faut prendre ses précautions au niveau des timings, surtout lorsqu'on a peu d'expérience des voyages lointains).
Après être arrivé à Lima sur un coucher de soleil, nous en re-décollons vers Cuzco à l'aurore sur une mer de nuages toujours aussi belle. Sur la fin du vol, la vue sur les plus hauts sommets (certains dépassant les 6000m) de la Cordillera Vilcabamba est splendide. Les nuages nous empêchent par contre d'apercevoir Cuzco.
A l'arrivée en taxi (bien compressés à 5 plus les gros sacs à dos!) dans la cité, relativement encaissée dans une large vallée, nous cherchons, à partir de la magnifique Plaza de Armas, un hôtel et prenons le troisième visité avec son patio couvert sympa. L'altitude élevée de la ville, 3330m, se fait un peu ressentir, surtout lorsqu'il faut monter de longs escaliers ! Nous sommes tous bien fatigués et récupérons pendant 1 à 2 heures. En découvrant la ville, d'architecture coloniale très bien préservée, nous choisissons un resto mexicain un peu touristique pour déjeuner. Nous passons l'après-midi au marché plutôt traditionnel (c'est à dire peu touristique). La gare est, elle, fermée pour cause de grève contre la privatisation du chemin de fer, ce qui nous empêche le surlendemain de nous rendre au point de départ du Chemin de l'Inca que nous désirons absolument parcourir. Le train roule à partir d'une autre gare pouvant être atteinte en car, mais il paraît vraiment incertain d'obtenir des billets de transport d'ici pour ce train (cela restera un problème un peu partout dans le pays). Nous récupérons aussi des informations, pour notre départ de la ville une fois le trek effectué, qui s'avéreront erronées. Retour (assez long à pied, pour en fait rien) à la Place centrale de la cité où un chauffeur de taxi nous propose de nous emmener au point dit "Km 82" à 6 km du départ de la randonnée pour une somme honnête (elle s'avérera même bien bon marché par la suite...). Nous faisons quelques agences de voyages qui pullulent autour de la place pour trouver un peu de matériel et récolter quelques informations (les tarifs pour le trek organisé s'avèrent comme prévus exorbitants).
Le soir, nous nous régalons près de l'hôtel de poulet arrosé d'un peu de "cerveza" (bière) locale: la "Cuzqueña", et nous couchons aussitôt après, complètement nazes.
 

Jour 3 :

Nous nous levons vers 7h00 (bien que sois réveillé depuis 5h30 par le bruit de la rue qui passe très bien à travers la fenêtre qui ne ferme pas). Nous avions décidé de visiter la vallée sacrée près de Cuzco et partons pour les ruines de Pisac avec le chauffeur de taxi vu la veille. Nous discutons avec lui pour en connaître plus sur la vie locale (avec notre traductrice dévouée pour les non espagnolisant). Il y a de nombreuses cultures sur ces plateaux, mais cela se voit peu car nous sommes en saison sèche. La grande vallée était définie "sacrée" par les Incas car elle était très fertile grâce à toute l'eau ruisselant des montagnes autour. C'est pour cela que les Indiens ne construisaient leurs villes qu'à flanc de montagnes, alors que la nouvelle cité Pisac construite par les Espagnols est étalée au fond de la vallée. La balade est agréable et les ruines belles, surtout celles des temples dont les murs représentent bien l'architecture des Incas: pierres coupées très rectilignement et pas d'utilisation de mortier. Il faut noter qu'il semble ne pas y avoir beaucoup de touristes, la marche de visite d'environ 2 heures étant peut-être décourageante pour certains? Attention à l'entrée (l'accès du haut) où on nous a demandé de payer 10 soles alors que c'est normalement gratuit (si vous avez un passe visite, vous n'aurez pas de problème).
Sur la route de retour à Cuzco, les ruines de Sacsayhuaman sont impressionnantes a voir.
En fin d'après-midi, nous faisons les agences de voyage pour se renseigner un minimum sur le trek et surtout sur les possibilités de transport au retour de la randonnée. Il semble assez difficile d'obtenir des billets de train sur place (gare d'Aguas Callientes) car ils sont accaparés par des revendeurs locaux qui font du marché noir. On décide donc de réserver nos billets d'ici (train+car) pour être plus tranquilles (moyennant une grosse commission vis à vis du prix du billet qui heureusement n'est pas cher si on choisit le train local).
Le soir, on en profite pour visiter le quartier San Blaz de la ville qui est magnifique avec ses murs blancs, ses boutiques nombreuses et de splendides vues sur la ville toute illuminée. On se tape un petit resto populaire à menu unique (prix très bon marché) et découvrons le dessert bizarroïde: gelée crémeuse rose foncée au goût léger de bonbon-malabar.

Cuzco, encaissée dans la vallée, surprend les voyageurs par sa beauté : a perte de vue, des habitations de style colonial en très bon état avec la Plaza des Armas qui est un bijou. On se sent plutôt en sécurité dans le centre ville et il fait bon vivre dans cette cité qui dégage beaucoup de charme et de sérénité, malgré le grand nombre d'étrangers surtout occidentaux.
 

Jour 4 :

Lever tôt et départ à 6h30 en taxi (toujours break, c'est mieux pour 5, surtout que là nous avons nos sacs) pour le point dénommé "Km 82" qui correspond au kilométrage de la ligne ferroviaire. Nous passons (deuxième fois) à la gare pour les destinations sud et avons la mauvaise surprise d'être arrêtés à l'entrée (gardée par des militaires) parce qu'elle n'est soi-disant pas encore ouverte. Nous insistons, aidés par notre chauffeur et heureusement une employée des guichets vient embaucher et nous invite à la suivre. Les guichets ne pouvant être ouverts tout de suite, elle nous réserve nos billets pour dans 4 jours.
Nous roulons sans problème jusqu'à Ollantaytambo qui possède une belle forteresse Inca avec une série de murs en terrasse. La route n'est ensuite plus goudronnée et bien peu praticable en voiture standard : il faudra descendre de nombreuses fois et aménager la route à certains endroits difficiles. Le chauffeur, qui regrette d'avoir proposer de nous emmener, nous laisse finalement 2 kilomètres avant le lieu destination. Il va donc falloir commencer le trek d'ici, ce qui le rallonge encore un peu. Mais le passage provisoire d'un petit camion transportant des travailleurs agricoles nous emmène au Km82 pour un tarif dérisoire. On y retrouve les minibus des agences et de nombreux porteurs.
C'est donc parti, vers 10h15, pour une première journée de marche. Après 1h30 de progression, nous devons payer les droits d'entrée (17 $) dans la zone de trekking incluant la visite des différentes ruines Incas dont le célèbre site de Machu Picchu.
Nous faisons une pause déjeuner bienvenue vers 13h15 (le chemin est assez raide et les sacs bien chargés). Les sardines en conserve à pas chère sont plutôt bonnes et les bananes en dessert complètent le repas.
Le climat est sec et la végétation aride (cactus; broussailles; eucalyptus; peu de fleurs), parfois le soleil cogne et réchauffe beaucoup à cette altitude. Tout au long du chemin, nous voyons de nombreux marcheurs avec petit sac à dos et faisant de fréquentes pauses. Ils sont ménagés par leur guide local et trouveront à la fin de leur journée un camp déjà monté par les porteurs et de quoi se restaurer.
Vers 15h00, nous arrivons à Huayllabamba : tout petit village de quelques baraques en torchis, envahi tout autour par les campements des groupes.
Certains d'entre nous arrivent très fatigués au camp de  (3260m). Il est 16h45 et le jour ne va pas tarder à tomber, il ne serait pas raisonnable d'aller jusqu'au prochain camp situé plus haut comme nous l'avions prévu au début (c'était d'ailleurs en partant du Km88 et non du Km82). Le site de camping est tout en pente et les meilleurs emplacements déjà pris, nous plantons donc nos deux tentes un peu à l'écart (ce sera de toute façon plus calme). Nous dînons tranquillement vers 18h00 alors que la nuit arrive : soupe aux champignons; poisson et riz; chocolat en plaque (nous avons amené 3 plats lyophilisés de France pour les 3 soirs que nous avons prévu de passer en camping).
Nous restons un peu dehors (il ne fait pas trop froid pour l'altitude) contempler le ciel illuminé d'un nombre d'étoiles que nous n'avions encore jamais vu.
 

Jour 5 :

Sortie des tentes vers 5h45 pour découvrir un temps magnifique, puis départ à 7h30 pour la plus dure journée. Chacun à son rythme, nous montons vers le col de Warmiwañusca à 4200m. L'altitude agit différemment sur chacun et il vaut mieux être en bonne forme physique. Quel plaisir (et soulagement) d'arriver au col à 11h20.
La descente se passe beaucoup mieux et nous traversons le campement de Pacaymayu, occupé surtout par les groupes en voyage organisé, avant de repartir vers les hauteurs du second col. Vers 14h30, nous nous arrêtons aux petits ruines de Runkuraqay pour contempler le paysage et observer un fragment (serpentant depuis le col de Warmiwañusca) de cet étonnant chemin dallé de pierres. La montée vers ce deuxième col se passe mieux. Tout au long du chemin, nous sommes doublés par des personnes non chargées, souvent essoufflées, qui s'arrêtent fréquemment et parfois longtemps. Il vaut mieux monter doucement et régulièrement pour gérer au mieux son endurance et s'acclimater correctement à l'altitude. Les porteurs font mal à voir avec leurs lourdes charges, ils marchent rapidement (avec leurs chaussures minables) afin d'en finir au plus vite. Il ne semble d'ailleurs pas y avoir beaucoup de contact entre ceux-ci et les occidentaux qui paraissent avant tout de simples clients. Il est dommage que tant de personnes passent par les agences de voyage qui exploitent les porteurs et réalisent de très bonnes marges, alors que le trek est plutôt simple à faire en groupe indépendant.
Nous ne restons pas longtemps au col car il est balayé par le vent froid et durant la descente le temps se couvre sérieusement. Arrivée vers 16h20 au site de campement de Sayacmarca où nous pouvons installer nos tentes sur un bon emplacement plat et horizontal (nous dormirons mieux cette nuit). Comme à notre premier campement, il y a là aussi une rivière et donc pas de problème pour cuisiner. Et contrairement à la première fois, nous insistons cette fois-ci pour faire bouillir l'eau (il faut attendre beaucoup plus longtemps à cette altitude) afin de mieux réussir notre repas à base de lyophilisé. Mais c'est la pluie (assez faible) qui gâche un peu celui-ci : soupe; parmentier et carré de chocolat, et nous n'avons plus qu'à nous coucher à 18h20. La nuit, comme la précédente, n'est pas trop froide.
 

Jour 6 :

Il fait bien froid à notre réveil. A 5h20, le soleil est déjà levé, il illumine les montagnes enneigées au loin et éclaire les ruines de Sayacmarca  perchées 60 mètres au-dessus du campement, mais ses rayons réchauffants sont pour l'instant loin de nous réchauffer.
Après avoir pris un café ou un thé et remballé les tentes trempées, nous repartons vers 7h15 en direction des zones plus élevées bientôt baignées par le soleil. Nous atteignons 2 heures après le troisième et dernier col du chemin à 3700 mètres, où nous nous prélassons sous un temps magnifique.
Après avoir passé les ruines de Phuyupatamarca, déjeuner à celles de WiñayWayna : toujours constitué de sardines en boite, suivi de fromage et de bananes et oranges. Nous apercevons plus bas le dernier site de campement qui ne paraît plus très loin. Il s'agit en fait d'un hôtel, à côté duquel il y a de la place pour installer les tentes, car nous commençons malheureusement déjà à retrouver la civilisation moderne et ses constructions singulières de béton. Nous arrivons vers 14h30 à hôtel près duquel nous camperons. Car après s'être renseigné, il s'avère que le camping est désormais interdit depuis quelques années sur le petit site d'Inti Punku (la Porte du Soleil) beaucoup plus près des ruines de Machu Picchu qui y sont d'ailleurs visibles.
Difficile de trouver un bon emplacement car ils sont pris ou réservés par les groupes encadrés.
Il faut nous contenter d'une place plutôt large laissée libre à cause des tas d'ordures situés au-dessous dont les effluves ne sont pas bien agréables mais cesseront au coucher du soleil. Le site est contrôlé par quelques gardiens plutôt sympathiques avec lesquels nous discutons un peu. Nous profitons aussi de la présence des sanitaires bien entretenus pour prendre une bonne douche et se sentir plus propre. On se permet ensuite, puisque demain sera une journée de marche courte et facile, de profiter d'un apéritif avec les cacahuètes et raisins secs restant accompagnés de bière achetée au semblant de bar de l'hôtel. Après la bonne soupe aux champignons, il se met cette fois-ci encore à pleuvoir pendant le bien apprécié plat lyophilisé (à base de spaghettis) qu'il faut abréger ou manger sous la tente. Pas de problème donc pour poursuivre la bonne habitude de se coucher tôt (19h15). On pourra ainsi se lever de bonne heure afin d'arriver à Machu Picchu avant les flots de touristes arrivant par le train.
 

Jour 7 :

Nous nous levons vers 5h00 alors que les groupes se préparent déjà depuis un moment et partent de nuit. Vers 6h40, nous passons la porte gardée (ouverture à 5h00) juste après le campement où sont vérifiés les billets pour l'accès à Machu Picchu. La marche est agréable, à l'ombre de la végétation luxuriante, alors qu'il fait de plus en plus beau et chaud. Inti Punku (Porte du Soleil) est atteint au bout d'une heure, et nous découvrons avec joie la fameuse ancienne cité de Machu Picchu. Nous avons encore une heure de progression avant de l'atteindre, durant laquelle nous contemplons avec fascination les ruines devenant de plus en plus belles en se rapprochant. Arrivé aux premières des plus hautes terrasses, on est impressionné par la qualité des constructions restantes. Des murs de pierres de tailles et de formes toutes différentes mais s'assemblant à la perfection.
Après avoir laissé nos sacs (interdiction de les garder) à l'entrée (aux pieds de la cité), nous parcourons les ruines jusqu'à 11h30. Il faut ensuite prendre le bus qui nous descend jusqu'à la gare d'Aguas Calientes, dans la vallée de l'Urubamba. Le prix de 10,50 soles par personne est bien élevé, et il est toujours possible d'emprunter le raide sentier que dévale un gamin, criant à chaque fois qu'il croise le car sur le chemin en lacets, pour amuser les touristes et leur réclamer un peu d'argent à l'arrivée (25 minutes plus tard). Nous récupérons bien nos sacs posés sur le toit sans être attachés alors que le trajet était bien secouant.
On remonte une route bordée de nombreux étales colorés pour atteindre les quais envahis de restaurants et le train style "Nescafé". Dans un de ceux-ci, nous avons bien du mal à obtenir les billets réservés à Cuzco pour le train local en gare. On aperçoit les gros paquets que possèdent certaines personnes qui ont tout raflé pour les différentes agences et profiter d'un petit marché noir. Après s'être installé dans le premier wagon (assez confortable) encore vide, il faut peu après libérer nos places car nous avons mal interprétés nos billets, pour parvenir avec difficulté (tout le monde s'installant) dans le 3ème et dernier wagon correspondant à l'ancienne 2éme classe (il n'y a maintenant plus qu'une classe unique). Nous nous retrouvons finalement à nos places, assis sur des petits bancs en bois, alors que la voiture est peu après prise d'assaut et chacun se case où il peut. Il y a de nombreux péruviens avec nous qui paient plus tard leur place directement au contrôleur qui semble avoir l'habitude d'évoluer dans un wagon archi-plein.
Le train, parti vers 13h00, longe la rivière Urubamba dans sa vallée encaissée pour parvenir à la gare d'Ollantaytambo vers 14h30 devenue provisoirement le terminus en raison de la grève contre la privatisation de la ligne ferroviaire. Le petit parking à côté est envahi de cars dans tous les sens à destination de Cuzco dont le nombre est surdimensionné par rapport à la quantité de voyageurs. Nous en profitons pour descendre les prix et nous installer seuls dans un minibus. Après un départ difficile, le trajet ressemble à une chevauchée infernale : derrière une voiture de police, une longue file de bus se doublant sans arrêt les uns les autres, avec un minimum de visibilité! Nous n'avons pas choisi le chauffeur le plus calme, car après une demi-heure, nous nous retrouvons derrière le véhicule des flics, non sans avoir farouchement combattu avec les cars nous précédant, chacun se redoublant successivement ! Tout cela ressemble un peu à un jeu, mais légèrement dangereux, pour arriver dans les premiers à Cuzco (et sans doute y prendre d'autres clients pour le chemin inverse?). On comprend maintenant la nécessité de la présence policière, surtout lorsque surgissent 2 ânes en plein milieu de la route que les bus , toujours à se doubler, évitent par miracle.
Les paysages d'altiplano sont toujours aussi magnifiques : innombrables champs cultivés se découpant en patchwork, entourés de montagnes aux sommets enneigés dans les nuages. Les nuances de couleurs sont fantastiques : herbe sèche jaune-moutarde, terre à nu rose; bordeaux ou orange.
On entre à Cuzco par les petites rues des barios dont la pauvreté contraste assez avec le vieux centre-ville développé et touristique.
Après avoir trouvé (difficilement) une boutique pour faire laver et sécher pour ce soir nos vêtements du trek, on se trouve un resto populaire (style cantine) qui sert beaucoup de poissons. L'arroz de mariscos (mélange de riz; poisson; poulpe; calmar) s'avère très bon. Nous testons aussi l'étrange 'Inka Cola' : un soda de couleur jaune que l'on voit un peu partout, qui n'est en fait pas terrible avec son goût de malabar.
Nous finissons la soirée (en attendant notre linge...) dans le tout nouveau bar en face de notre hôtel. La déco est superbe et très peaufinée avec un sigle, dont la signification nous échappe, sur toute la vaisselle et les accessoires, très stylisés. En plus c'est calme, et pas chère (ça ne durera peut-être pas...). Après avoir goutté le matte de coca : feuilles de coca légèrement infusées, on teste le fameux Pisco Sour : cocktail de Pisco (l'alcool national), citron et blanc d'œuf. Nous pouvons aller nous reposer de cette bonne et longue journée après avoir récupéré nos vêtements vers 23h30. J'en ai profité pour faire un saut dans un des espaces Internet qui florissent un peu partout dans la ville (et dans tout le pays d'ailleurs) pour envoyer quelques nouvelles fraîches en France, pour un prix ridicule: 1 sol (2 francs) le quart d'heure.
 

Jour 8 :

Lever (difficile) vers 5h45. Un taxi nous emmène à la gare sud où nous obtenons sans problème nos billets réservés (le train est souvent complet). Nous sommes en avance et la gare est très calme et quasi-déserte, ce qui se comprend vu qu'il n'y a qu'un train par jour, elle est pourtant sévèrement gardée. Il y a des hôtesses, en uniforme assez court, accueillant les passagers qui nous accompagneront pendant le voyage. Au départ, notre wagon, le seul de la classe intermédiaire, n'est occupé qu'au tiers. Il est vrai que les billets sont un peu chère (19$) mais le wagon est confortable et nous sommes vraiment à notre aise pour ce trajet d'une journée.
Tout au long de ce voyage, nous restons beaucoup scotchés aux fenêtres à admirer les magnifiques paysages de l'altiplano, la luminosité et les couleurs sont incroyables. Il y a une petite cuisine dans notre wagon et nous en profitons pour nous faire servir comme des seigneurs un délicieux pollo papas fritas arroz (poulet frites et riz).
Au milieu du parcours, nous sommes presque à la hauteur des premiers névés, la ligne ferroviaire atteignant l'altitude de 4300 mètres. Un peu après, le train s'arrête pour ravitailler la locomotive (ce n'est pas la première fois) et aussi attendre le train circulant en sens inverse car la voie ferrée n'est pas doublée, et c'est ici que l'on peut se croiser. Durant cette attente d'une demi-heure, nous nous dégourdissons dehors, au milieu de nul part, sur l'étendue herbeuse longeant toute la ligne d'un jaune unique si caractéristique de cet altiplano. Au re-départ, l'altitude commence a se faire ressentir. Nous avons ensuite le loisir d'observer et de s'entraîner a différencier les lamas et les alpagos. On se désole aussi de voir tant de détritus et déchets s'accumulant autour des villes...
Vers 16h50, nous arrivons à la grande ville de Juliaca (3825m) encombrée de vélos et cyclo-pouce-pouces, le train frôlant les nombreux étalages des marchés.
C'est à 18h00 que nous atteignons la gare de Puno, le terminus, après avoir été pas mal bringuebalés pendant près de 11 heures. La ville apparaît bien animée avec le marché bien sympa près de la gare (pas touristique donc pas cher) avec ses beaux fruits et légumes, ses pains et ses plats mijotant dégageant d'agréables odeurs. Nous avons pu rapidement trouver un hôtel, pas terrible mais bon marché. Il faut dire qu'à la sortie de la gare, c'était un peu la ruée des backpackers vers les hôtels intéressants les plus proches, et nous nous sommes un peu éloignés pour éviter la cohue et trouver de la place. Nous choisissons ensuite une pizzeria dans la rue commerçante principale, qui est piétonne, pour changer du poulet. Le resto est bien arrangé et les pizza bonnes, mais il ne faut pas être pressé. Nous sommes (comme toujours) bien fatigués et au dodo à 22h00.
 

Jour 9 :

Lever à 6h45 (réveillé depuis 6h00 pour ma part, à cause d'un péruvien bien chauffé au whisky qui n'arrête pas de chanter et de gueuler au téléphone). On prend un bus, réservé facilement par l'intermédiaire de l'hôtel, pour La Paz en Bolivie, via Yunguhio et Copacabana. Les paysages sont toujours aussi beaux et caractéristiques à cette altitude (3500-4000m) : aridité et teintes ocres. Au bout d'un moment apparaît le fameux lac Titicaca : vision splendide avec en fond la chaîne montagneuse de la Cordillera Real et ses hauts sommets enneigés. Arrêt vers 10h00 dans la ville de Yunguhyo pour changer de l'argent et acquérir (à un mauvais taux) de la monnaie bolivienne : le boliviano (1 dollar * 5.9 bolivianos * 3.4 sols). Nous suivons ensuite une route non goudronnée pour atteindre la frontière. Les formalités pour changer de pays prennent une petite heure : faire la queue pour obtenir son tampon de sortie du Pérou, traverser la séparation frontalière à pied pour rejoindre la file du deuxième poste, remplir un peu de paperasse et acquérir le visa d'entrée. L'endroit est coloré par les drapeaux nationaux et les étalages de vendeuses installés un peu partout dans le noman's land et la petite ville bolivienne.
Arrivée dans le petit port bolivien de Copacabana à 11h30 plus 1h due au décalage horaire. Nous faisons une halte déjeuner dans cette ville tranquille au bord du lac Titicaca qui dégage une impression bien agréable de sérénité. Quel plaisir de contempler le lac en sirotant son jus de bananes & lait et en grignotant des "pasankallas" : différents types de pop-corn, certains de tailles énormes ! J'en donne un peu à quelques gamins, et nous échangeons quelques mots avec une petite fille qui paraît posséder un caractère déjà bien trempé (la vie est bien dure pour la plupart des boliviens, surtout les enfants) et a les dents déjà abîmes (comme tous les enfants qui abusent certainement des pasankallas, mais plus sûrement doivent se contenter de conditions hygiéniques mauvaises et d'une nourriture mal équilibrée).
Nous prenons ensuite un bus nous emmenant à La Paz. Le paysage est toujours magnifique : terres arides avec touffes d'herbes jaunes ou vertes parfois très sombres comme si grillées par le soleil qui n'arrête pas de cogner de la journée. Je suis fasciné par la colossale Cordillera Royale juste en arrière du Titicaca. Vers 15h00, il faut d'ailleurs traverser ce dernier au détroit de Tiquina : on s'entasse à 40 dans un tout petit bateau (les conditions de sécurité sont ici totalement inconnues) pour une courte traversée. Après avoir attendu le bus placé sur une grande barque à l'état bien douteux, nous reprenons la route de la capitale en nous éloignant de l'immense lac. Nous apercevons brièvement une scène insolite : des femmes en robes et gilets colorés jouent au football, extraordinaire ! Nous traversons la banlieue étendue appelée "El Alto" où les habitations ne paraissent qu'à moitié construites. Puis nous nous arrêtons au bord de (ou plutôt sur !) l'autoroute pour découvrir la ville des hauteurs. Vision fabuleuse: à perte de vue, sur tous les flancs des montagnes, des bâtiments de quelques étages s'étalent du semblant de vallée à 3000m jusque dans les hauteurs à 4100m, avec les majestueux sommets (plus de 6000m) de la Codillera Real. Contrairement aux autres grandes villes, les gens riches habiteraient ici dans les quartiers élevés.
Après s'être un peu essoufflés (rues plutôt pentues et haute altitude) pour aller voir des hôtels peu chers mais assez minables, nous en choisissons un tout à fait convenable : le "Dinastia" dans la rue Llampu où nous a laissé le bus en arrivant. Il est propre et le prix discuté raisonnable (20 bolivianos soit environ 20 FRF par personnes), avec des vues sympas sur la ville aux 5è et 6è étages où se trouvent nos chambres. Tout autour les rues sont animées, avec les femmes indiennes vendant toutes sortes de produits industriels (vêtements, jouets, ustensiles, ...); agricoles (fruits, légumes, céréales) ou artisanaux (mantas, ponchos, ...).
Nous allons à la gare routière pour s'occuper du transport vers Uyuni du lendemain. L'utilisation du train pose des problèmes car il n'y en a pas chaque jour et les horaires sont mal adaptés. Nous optons donc pour le car avec changement à Oruro.
Le soir, nous cherchons une peña sympa mais ne trouvons rien de bien dans le coin. Nous sommes heureusement sauvés par un petit défilé carnavalesque : fanfare et danseurs en grands habits de métal très décorés que l'on interprète comme une caricature des conquistadores.
Nous descendons ensuite sur les avenues principales (avenida 16 de Julio et avenida 6 de Agosto) pour dîner dans un resto choisi un peu au hasard : "Plaza Venezuela", ambiance Argentine / vieille Europe avec pianiste et plats très copieux de l'Amérique du Sud.
 

Jour 10 :

Ce matin, c'est grasse matinée, car on ne se lève qu'à 8h15. Après un petit déjeuner où nous avons goûter les délicieux jus de fruits locaux (fraise, kiwi et papaye), nous nous baladons dans la ville et allons voir un fabriquant de charrango (une petite guitare bolivienne) pour en commander un pour un musicien en France. Nous voyons un peu le travail de l'artisan : les caisses taillées dans la masse du bois ou en carapaces de tatou (matière traditionnelle, mais l'animal est désormais protégé), mais le prix proposé : 350 $ est trop élevé.
Nous faisons ensuite les boutiques 'touristiques' remplies de vêtements et mantas. Les rues sont très animées et constituent un marché tentaculaire très étendu. Il y a quelques agences de voyages locales qui proposent des excursions dans le salar d'Uyuni et le sud Lipez : région toute au sud de la Bolivie que nous voulons absolument parcourir, car elle propose des paysages tout à fait insolites que l'on ne peut voir nulle part ailleurs sur la planète. Les prix proposés de La Paz sont trop élevés, il faudra donc contacter les agences de Uyuni et négocier sérieusement…
A 14h30, nous prenons le bus pour Oruro, après avoir acquitté la taxe de 2 bolivianos à la gare terrestre (c'est un peu une copie miniature des aéroports). Les sandwichs et gâteaux vendus devant le terminal font un très bon déjeuner. Pendant le voyage, les paysages sont toujours de plus en plus arides avec une lumière toujours aussi fascinante et un ciel dégagé et pure. Des fermes et de petits hameaux sont parsemés par ci par là., et on se demande bien dans quelles conditions peuvent vivrent ces habitants bien isolés.
Arrivée à Oruro vers 18h00 dans une gare routière où les baños (toilettes) sont fermés alors que toute une nuit de voyage nous attend. Pour celui-ci, ce n'est plus un car de voyage d'ancienne génération mais un gros bus déglingué sur les bords qui semble pourtant pouvoir tout affronter, car surélevé et possédant une grande cabine avant séparé ressemblant à celle des poids-lourds. Nous vérifions que nos sacs sont bien mis dans la soute, qui ferme avec beaucoup de peine (les retrouverons toujours là à l'arrivée?). Départ à 19h00, le car tout-terrain est plein et il n'y a que peu de touristes (tant mieux!). A côté de moi vient s'installer, avec beaucoup de réticence, une personne ayant abusé de l'alcool. Il reste longtemps dans le couloir à gêner tout le monde et à nous parler. Je ne comprends rien à ce qu'il baragouine vu son état de lucidité. Il nous indique pourtant une agence pour l'excursion que nous voulons faire qui ne ferait payer que 30$, ce qui me paraît impossible, il faut croire que les tarifs ont grimpé depuis. Nous devinons en fait que cette connaissance ne doit pas apprécier du tout les voyages en car, vu comment sa fille a dû insister pour qu'il prenne place, et qu'il a dû plus ou moins essayer de s'anesthésier pour supporter plus facilement le trajet. Dans la grande cabine séparée par une cloison avec porte se trouvent 4-5 personnes dont les chauffeurs, et on peut se demander s'ils se comportent comme ceux que nous avions vu dans la vallée sacrée (près de Cuzco) : sirotant des bières et jetant les bouteilles sans gêne sur la route.
Après 1h30 de route (encore goudronnée), nous stoppons pour prendre une dizaine de personnes qui ont couru. Le problème est qu'il n'y a pas de places pour elles et les passagers ne semblent pas très contents qu'ils montent à bord et réclament qu'elles payent leur places. C'est ce qu'elles font, après s'être installé tant bien que mal dans l'allée centrale avec leurs gros baluchons sur lesquels elles tachent de s'asseoir.
Un petite heure après, nous nous arrêtons de nouveau pour une pause boisson chaude/repas rapide (nous avions amenés avec nous des petits pains et du chocolat pour le dîner). Nous repartons ensuite encore plus nombreux qu'avant (je pensai que ce n'était pas possible). La remontée des gens est un sacré bordel avec tous les baluchons dans le couloir, surtout que les chauffeurs éteignent la lumière aussitôt reparti. On refait deux brefs arrêts plus tard dans la nuit. Je ne dors toujours pas: la piste suivie est très cahoteuse (le véhicule vibre de partout) et il fait de plus en plus froid (nous sommes pourtant bien habillés, mais les péruviens emmitouflés dans leur couverture sont plus habitués, avec ce manque d'isolation et de chauffage, aux températures glaciales de la nuit). Sur la piste bien accidentée, souvent à flans de montagne, les virages brusques et les coups de klaxon ne nous rassurent pas tellement.
A 4h00 du matin, allumage des lumières pour un contrôle de billets. C'est un peu matinal (dur dur!), mais nous arrivons 30 minutes plus tard à Uyuni. On ne le comprend d'ailleurs pas tout de suite, car il est encore très tôt et beaucoup de gens restent dans le bus (il semble simplement qu'ils ne veuillent pas affronter tout de suite le froid, et préfèrent attendre… …le lever du soleil, sans doute). En descendant du car, je les comprends un peu mieux : il fait très froid et tout semble désert autour. On se croirait au milieu de nulle part alors que nous devrions être en pleine ville, dont le seul élément visible est le tout petit bord de rue éclairé où le car s'est arrêté. Nous sommes aussitôt alpagués par quelqu'un qui est venu nous trouver pour une agence que j'avais contacté à Oruro, et qui finalement tombe bien. Nous sommes emmenés jusqu'à un hôtel où nous pouvons dormir un peu dans des chambres glaciales mais avec des lits biens appréciables. Ceci  après avoir discuté jusqu'à 5h30 du tour proposé et négocié un prix de 65 $ par personne pour 3 jours et 3 nuits.
 

Jour 11 :

A notre nouveau réveil, il est surprenant de voir à quoi ressemble l'hôtel: une cour entourée de chambres au milieu de laquelle se trouve 2 éviers contenant d'épais morceaux de glaces! Il y a de l'eau chaude aux douches, mais toute l'eau est coupée peu après. Dans les logements, il y a des suisses et surtout des français que nous avons vu et verrons souvent sur notre route (sans vouloir être chauvin, parmi les gens qui visitent en indépendant ce pays et que nous croisons, les français, d'un tempérament plus aventurier que l'on croit, paraissent les plus nombreux, suivis des peuples européens anglo-saxons et nordiques). Pendant le petit déjeuner, il faut renégocier les conditions et tarifs de l'expédition avec une personne qui est la véritable responsable: nous devons ajouter 5 $ par personne et acheter nous-même l'eau pour le voyage, mais on nous promet par contre une très bonne 'comida' (nourriture).
Dehors, c'est plutôt ambiance ancienne ville fantôme de la conquête de l'Ouest, il n'y a pas un seul passage dans la large avenue où l'on se trouve. Nous ferons le voyage avec deux autres personnes dans un 4*4 Toyota d'ancien modèle, le chauffeur servant à la fois de guide et de cuisinier (il y a habituellement une péruvienne attitrée pour la préparation des repas, mais nous n'avons pas la place pour la prendre).
Après avoir un peu remonté la piste vers Oruro, nous prenons sur la gauche, droit sur le Salar de Uyuni qui n'est pour l'instant qu'une ligne blanche à l'horizon s'épaississant lentement.
Nous faisons halte dans le village exploitant le sel du lac asséché pour toute la Bolivie. Nous donnons un sac ce bonbons à 2 gamins qui sont très contents et partent en criant de joie vers les villageois. Il y a de nombreux fours en briques de terre pour le traitement du sel, et je prends deux gros cristaux dans un des petits amoncellements de sel mis à sécher. Ensuite, c'est l'entrée sur le salar: fantastique étendue d'une blancheur aveuglante. Aux abords du désert de sel, là où la couche n'est pas encore très épaisse (elle atteint dans la partie centrale près de 8m), s'éparpillent de petits tas de sel brut récupéré à la pelle et la pioche.
Un peu plus loin, se trouvent 3 bâtiments construits en briques de sel, dont un hôtel habitable contenant tout son mobilier sculpté en sel. Les constructions, protégées par des bâches plastiques du peu de pluie qui tombe en janvier, doivent être rebâties toutes les trois années environ.
Nous roulons ensuite jusqu'à la plus belle des îles émergentes de cette mer blanche, illuminée, figée pour toujours : la 'Isla de Pescadores' (l'île des pêcheurs). En plein cœur de ce désert, survivent sur ce tas de cailloux une faune et une flore dont les plus étonnants représentants sont les énormes cactus aux sensationnelles nuances de couleurs rendues infinies par les jeux de la lumière si pure, dans ces hauts plateaux désertiques. Nous en faisons le tour (et participons malheureusement à la dégradation de cet écosystème fragile, mais comment résister à la découverte de ces fascinantes terres quasi-vierges) puis déjeunons ce que nous a préparé "Renato", notre guide/chauffeur/cuisinier (crudités délicieuses; charcuterie; petits pains; bananes; ...).
Arrivés à la fin du salar, le sel est beaucoup moins dense et ressemble à de la neige fondante ('soupe'). Il faut alors suivre la route qui est une chaussée surélevée non salée et plus compacte, pour pouvoir progresser plus facilement. Sortis du salar, le terrain est toujours très sec, mais on trouve des cultures : des champs de "quinoa" ('le riz des Incas') qui sont en préparation avant la semence (précédant la saison des pluies, qui sont très limitées dans la région). Nous apercevons quelques paysans, apparaissant complètement perdus dans cet endroit plutôt hostile (pour les humains). Ce sont ensuite des militaires en plein exercice (ils portent des baluchons de branchages/broussailles), car nous sommes entrés dans une zone militaire, et peu après c'est le contrôle des passeports dans une petite caserne: 'Colcha-K'.
A 17h00, nous atteignons notre destination du jour: le village de San Juan, pour loger dans un des "alojamientos" (logement chez l'habitant) aménagés par les villageois qui commencent à s'habituer à voir débarquer des 4×4 remplis d'étrangers. Attention tout de même à l'excès, car il y a : des projets d'hôtel; une discothèque? (c'est ce qui est indiqué sur une porte !); et un petit bar flambant neuf rempli toute la soirée (il faut dire qu'il n'y a pas grand chose à faire dans le coin, et peu d'endroits pour se réunir). Après un tour dans le village et aux alentours, nous nous retrouvons donc autour d'une table éclairée à la bougie à descendre quelques bouteilles (610 ml !) de "Pilsen Huari" servies par des gamins, sur fond sonore rock des seventies (Led Zep, ...).
Vers 19h00, après un coucher de soleil insolite au niveau des couleurs, nous dînons d'une très bonne soupe aux légumes et de poulet - papas fritas - arroz (le grand classique), bien copieux. On nous propose ensuite d'aller voir un petit spectacle à l'école du village : 5 bolivianos l'entrée (le business se développe...). Nous ne regrettons pas: musique et danse traditionnelles, explications démonstratives sur la quinoa; la laine de lama; les instruments musicaux boliviens. Il y a une vingtaine de touristes et une quinzaine de locaux qui se marrent bien en nous regardant danser avec les boliviennes. Nous finissons par un concert sympa du groupe local. A la fin , alors que les gens s'en vont, nous en redemandons et c'est reparti pour 6-7 morceaux (jusqu'à que nous rendions les armes, le groupe, chauffé par les bières offertes et descendues cul sec, ne s'arrêtant plus...).
 

Jour 12 :

Lever à 7h00 et départ 8h15 (au petit déjeuner, la crème de lait argentine était délicieuse), pour parcourir tout d'abord le salar de Chilguara au milieu d'un paysage lunaire, sur fond musical alternatif-trans-techno ! La surface du salar est souvent bien plane et constitue une véritable autoroute d'une largeur démesurée. Nous passons à 8 km du Chili dont nous apercevons les volcans, puis c'est l'ancien village de Tilgaña qui est maintenant un poste militaire : les baraquements en forme de champignon et aux murs couleurs camouflage sont plutôt surprenants. L'officier du bureau de contrôle constitue une véritable caricature : obèse; portant des lunettes de soleil (qu'il ne doit jamais quitter); et jugeant exagérément chacun de nous avec l'air d'essayer de trouver la petite bête... Il nous embête un peu pour une bricole afin de montrer son pouvoir, pour ensuite en rigoler.
Nous repartons ensuite sur le salar, sous un ciel toujours sans un seul nuage, jusqu'à retrouver de la terre caillouteuse et broussailleuse. Nous passons un col à 4600 m, traversons un terrain plus herbeux  (couleur fluorescente), suivi d'un champs de lave dont se détachent de grosses protubérances beiges ou ocres. Nous y croisons 3 "vicuñas" (vigognes: entre le lama et la gazelle) courantes, effrayées par notre véhicule, et plus loin un troupeau de lamas. Les couleurs sont d'une diversité inimaginable : herbe variant entre vert, jaune et orange; pierres entre ocre, marron, et gris; terre entre jaune, orange et brun; bleu pur du ciel; et blanc de la neige au sommet des volcans comme si on avait versé un peu de crème et saupoudré de sucre glace.
Nous traversons quelques étangs salés asséchés avant de découvrir la première 'laguna' (lac d'eau salée d'altitude) : eau d'un magnifique bleu clair dans laquelle patauge les flamands roses, le tout sur un fond de montagnes ryolithiques rouges et légèrement enneigées. Plus loin, nous contemplons une deuxième laguna de couleur plutôt vert pâle et envahie de flamands; puis une troisième de teinte marron; suivie d'une quatrième tirant sur le jaune et où nous déjeunons. Il faut noter la présence de glace dans les lacs malgré la température élevée (s'il n'y a pas de vent) en journée (la nuit très froide permettant à la glace de se renouveler).
On repart ensuite pour une zone à 4600m d'altitude, le paysage devenant complètement désertique et sableux - on se croirait pour un peu en Afrique du Nord (en excluant les lointains volcans omniprésents) - avec de belles formations rocheuses. Nous nous arrêtons devant "el arbol de piedra" : une curieuse forme pierreuse érodée en forme d'arbre.
Nous rejoignons ensuite le lieu de la fameuse laguna colorada où nous passerons la nuit. Les logements sont en fait constitués de quelques baraquements que se partagent presque l'ensemble des groupes en excursion (une quinzaine de 4×4 seront présents dans la soirée), car il existe très peu d'endroits pour dormir. Il faut savoir que les différents guides/chauffeurs font un peu la course entre eux dans la journée, cela afin d'obtenir un bon emplacement pour le logement du soir (qui n'est en fait pas attribué à l'avance). Cette petite concurrence n'empêche tout de même pas l'existence d'une entraide entre les conducteurs en cas de problème, vu que tout le monde se suit plus ou moins (il n'est pas très bon de tomber en panne dans cette région à l'écart de tout).
Une fois installés, nous allons faire une ballade le long de la laguna. Il ne fait pas chaud du fait d'un fort vent glacé, mais la beauté des lieux est très motivante. Le lac est magnifique avec ses multiples couleurs : bleu; rouge (algues et planctons); blanc et gris (minéraux: sodium, magnésium, borax et gypse et glace) et sa faune flamande, le tout entouré de végétation très jaunâtre et lumineuse. Après avoir lutté contre le vent qui a redoublé pour le retour, nous prenons une petite collation locale: du mate de coca. Il est 17h00, le jour va bientôt se coucher et le grand froid arriver (température de -10°C à -20°C la nuit, surtout avec ce vent). Le dîner est bien agréable: soupe et côtes de lama. Dehors, le ciel est éclairé de millions d'étoiles visibles, c'est assez fabuleux, et l'on peut contempler les constellations qui nous sont inconnues.
Tout le monde est au lit à 21h00, puisque c'est le moment de l'extinction électrique générale (l'électricité n'est disponible que pendant une plage le matin et le soir, tout comme au village de San Juan. Par contre, ici il n'y a pas d'eau courante, bien que des robinets soient installés sur les lavabos).
 

Jour 13 :

Lever très tôt : 5h30, pour partir à 6h15. Il fait bien froid, mais il faut partir de bonne heure pour assister au spectacle qui nous attend. Nous montons jusqu'à 5000m à travers un paysage désertique de sable et de pierres, pour découvrir "Sol de mañana" : le champs de geyser et fumerolles. Les fumées, mises en valeur par le jour levant et l'air frais du matin, produisent une ambiance particulière, et il vaut mieux faire attention où l'on met les pieds car la terre sulfureuse est bouillonnante.
Nous repartons, commençants à être réchauffés par le soleil s'élevant, pour aller petit-déjeuner au près d'une laguna alimentée par quelques petites sources chaudes (cela n'empêche pas la glace de se former à quelques mètres de là). Il faut être un peu courageux pour se déshabiller sous le vent glacé, surtout que l'étroit espace d'eau chaude ne fait pas plus de 40 cm de profondeur. Mais il est bien appréciable d'être allongé dans cette grande baignoire d'une température (presque trop chaude) d'environ 35°C.
On roule ensuite au milieu des champs volcaniques et des montagnes brunes légèrement enneigées pour atteindre la laguna blanca ('blanche') à côté de la fameuse laguna verde ('verte'), à l'extrême sud de la Bolivie, à 2 pas du Chili et de l'Argentine. Pour le moment sa couleur est plutôt bleutée, mais celle-ci doit normalement tendre vers le vert sous peu, il suffit d'attendre… Mais sans vent, le résultat est bien mince, le site est tout de même remarquable.
Nous voyons avec envie des 4x4 qui, après avoir suivi le même itinéraire que nous, s'éloignent maintenant en direction du Chili (désert d'Atacama) juste derrière le lac et le volcan Licancabur. Nous devons nous contenter de retourner sur nos traces jusqu'à la laguna colorada, en repassant devant les rochers aux formes étranges qui ont inspiré Dali. Le déjeuner (concombres, tomates, sardines, ananas énorme!) est pris avec un point de vue magnifique sur le si fascinant lac rouge.
Notre chemin de retour part ensuite sur l'est, montant dans les collines et longeant de grands champs couleur blanc-cassé où est extrait le borax qui sera ensuite traité au Chili dans la plus usine du monde. On descend après dans la pampa, toujours aride mais avec des bêtes paissant: âne; alpaca; lama; mouton, car il y a de nombreuses petites rivières traversées à gué. Plutôt que faire halte au village d'Aloja comme prévu dans l'itinéraire, nous préférons rentrer le soir même à Uyuni. Vers 20h00, nous sommes contents d'arriver, car cela en est fini des secousses incessantes de plus en plus dur à supporter.
Nous nous payons un petit apéro bien mérité, improvisé (bières et biscuits salés achetés dans l'épicerie d'à côté) dans la salle à manger de l'hôtel, suivi d'une bonne soupe et de spaghettis cuisinés. Ensuite gros dodo vers 22h30, en frottant les couvertures, on crée de nombreuses étincelles (dues à l'électricité statique) amusantes dans l'obscurité.
 

Jour 14 :

Réveil vers 7h45, après une bonne nuit réparatrice. La douche est à peu près chaude, mais le carrelage, lui, gelé! Une remarque sur les douches au Pérou et en Bolivie: elles semblent toutes être équipées du même système électrique: un petit appareil chauffant (résistance) monté au-dessus de la poire (il est réglable, mais toujours mis au max). Sa capacité étant limitée et l'eau circulant ayant très peu de temps pour être réchauffée, il vaut mieux régler un faible (voir très faible) débit pour que l'eau soit suffisamment chaude!
Nous prenons un petit déjeuner sympa toujours avec ces bons petits pains et la crème de lait argentine ('Dulce de leche'). Ensuite, petit tour au cimetière de trains: de vieux trains de Bolivie du 19è siècle utilisés pour le transport des minerais, qui ont été de moins en moins utilisés. Aujourd'hui, les mines les plus rentables appartiennent désormais à des sociétés privées qui n'utilisent que des camions.
Lorsque Renato, notre guide, nous dépose à la 'pseudo-gare' de bus (la véritable est en construction, payée en partie par une taxe d'un boliviano acquittée par chaque passager), il se fait sévèrement sermonner par un militaire qui n'a pas l'air commode (comme tous ses collègues ici). En Bolivie, les militaires détiennent encore beaucoup (trop) de pouvoir et empêchent le développement correct du pays (ils s'occupent surtout de garder et profiter de leurs privilèges).
Petite aparté à ce propos sur la vie à Uyuni et ses environs : Renato, notre guide, est payé 20$ par jour (ce qui est beaucoup, même s'il ne fait pas cela tout le temps, mais il en a vraiment marre de faire toujours le même trajet qui est bien éprouvant). Le tourisme est une bonne chose pour cette région, pauvre et isolée, qui en profite depuis quelques années. Cela évite que trop de  gens partent au Chili ou dans les grandes villes pour trouver du travail en laissant souvent seuls leurs enfants.
Départ à 10h15 pour Potosi dans un car tout terrain pas bien terrible.
Traversée de paysages désertiques bien vallonnés avec des teintes rouges et verts/grises des minéraux ressortant sur les flancs. Dans le car, il fait très chaud, et aérer en ouvrant les fenêtres permet surtout d'étouffer dans la poussière... Deux de nos places (tout à l'arrière) sont trop étroites pour installer correctement ses jambes et se trouvent sous un haut-parleur qui crache de la musique locale type 'variété' en boucle.
Vers 13h15, pause déjeuner d'une demi-heure à une boutique complètement isolée qui sert des poulets grillés et vend tous types de sodas et biscuits dont nous nous contenterons. Peu après (14h20), c'est la crevaison du pneu arrière droit extérieur (la route n'étant bien-sûr pas goudronnée) au milieu d'une vaste pleine entourée de collines sablonneuses où paissent tranquillement une multitude de lamas. Ces derniers ne sont absolument pas farouches mais traversent souvent la piste devant les véhicules klaxonnant. Pendant le changement de roue (environ 40 minutes), seuls une voiture et un autre car passent !
Vers 17h00, l'arrivée sur la ville de Potosi est sympathique: nous découvrons la cité accrochée au flanc du Cerro Rico, illuminée par le soleil déjà bas. Cette ville, à 4090 mètres d'altitude, est la plus haute du monde, et fût pendant deux siècles le centre économique espagnol de l'Amérique du Sud, grâce à ses importants gisements d'argent.
Nous commençons par acheter les billets pour notre retour sur La Paz la nuit prochaine. Puis prenons un collectivo pour le centre-ville, qui démarre avant que nous soyons tous montés ! Nous nous posons dans le premier hôtel visité: 'Maria Victoria', qui est très bien arrangé. Nous nous promenons dans la ville bien animée ce vendredi soir, puis cherchons (avec un peu de difficulté) une peña que nous avons vu sur une affiche : "Potochi". Nous y testons le Chuffay: un bon cocktail avec citron, sprite et alcool local à 40°, ainsi que la sopa (soupe) de quinoa. Le groupe "Pachamanta" (de la terre (très importante, car nourricière), en inca) est très bon : il joue de grands classiques de la musique traditionnelle et quelques compositions personnelles. Nous faisons durer la musique et dansons un peu. Coucher à minuit.
 

Jour 15 :

Lever à 7h45 et départ vers 9h00 pour une des mines coopératives de Potosí avec un ancien mineur. Nous montons sur les flancs du Cerro Rico (la montagne qui renferme la plupart des gisements) où sont posées de nombreuses petites cabanes de matériel d'extraction (manuelle) et échoppes qui vendent des sacs de feuilles de coca et des explosifs. Devant l'entrée d'une galerie; nous nous équipons de veste, casque et vieille lampe à carbonate de calcium (combustion avec de l'eau) et pénétrons dans la mine, par un tunnel assez étroit. Nous progressons dans de petits boyaux où il faut parfois avancer accroupi. Nous genons un homme qui fait des allers/retours avec sa brouette, alors qu'il a déjà du mal à monter certains tunnels pentus. Pour tenir le coup, les mineurs mâchent de la coca arrosée d'alcool fort (genre alcool à 90°), de toute manière ils se ruinent la santé.
Les galeries ne sont même pas étayées et nous n'avons pas trop confiance… Arrivés dans une plus grande salle, notre guide nous fait son petit discours: le nombre de mineurs a beaucoup diminué, puisqu'ils sont environ 8000 alors qu'ils étaient 60.000 il y a 50 ans. Seuls 3000 ont une protection sociale, les autres étant des secondes mains et des aides travaillant à la demande. 35 personnes s'occupent de la mine visitée, pouvant extraire une tonne en 2-3 semaines, je crois. La paye des mineurs dépend de ce qu'ils remontent, sauf pour la seule mine privée du Cerro Rico où les travailleurs touchent un fixe.
Nous descendons ensuite plus profondément dans la mine, empruntant un passage avec échelle où les sacs de pierres et terre sont hissés par une mauvaise poulie. Arrivant en bout d'une galerie, nous découvrons, plutôt écoeurés, 3 malheureux jeunes dans une étroite cavité qui percent avec des barres à mine et placent de petits explosifs. On est ensuite emmené dans le boyau où se trouve un des deux 'diablos' de la mine à qui les travailleurs font des offrandes pour être protégés.
La visite, qui commençait à se faire longue et ennuyeuse, se termine vers 13h00 et ne nous laisse pas sur une bonne impression. En effet, il s'agissait plus (uniquement, en fait) de nous montrer les pauvres conditions de travail des mineurs que de nous expliquer l'extraction du minerai (nous n'avons absolument pas vu ce que devenait la terre remontée). Il est effectivement important que les étrangers soient sensibilisés à la réalité de la vie misérable de nombreux gens qui pourrait leur échapper, mais pour des gens déjà bien conscients de cet état de fait, il est plutôt gênant de venir profiter du spectacle en voyeuriste.
Nous déjeunons tardivement dans un resto avec belle vue sur les toits et églises coloniales de la ville. Choix du menu familial du midi: banane frite; soupe; poulet aux rognons ou grillé; dessert local assez immangeable (semblant de crème praliné sans aucun goût et à la texture curieuse).
L'après-midi, le musée de la monnaie étant fermé, nous faisons les différentes boutiques d'artisanat bolivien, très intéressantes (et bon marché). Nous achetons des sacs et des mantas.
Départ en car à 19h30 pour rejoindre La Paz, une nuit difficile s'annonce... Le bus s'avère bien plus confortable qu'à l'aller, et plutôt que le froid c'est la chaleur que nous devons supporter (je me débarrasse vite de mes 3 couches de polaires, mises par prévoyance).
Une heure après la pause dîner (20h30), premier incident: crevaison d'une des pneus gauches au milieu de nulle part. La roue est changée assez rapidement. Vers 2h00, nouvelle crevaison, plus problématique cette fois-ci puisqu'il n'y a plus de roue de secours! Il faut donc attendre que d'autres véhicules nous viennent en aide. Nous perdons pas mal de temps, mais il faut croire que les incidents sont fréquents et qu'une marge est ajoutée dans la durée du trajet puisque nous arriverons dans les temps à destination.
 

Jour 16 :

Arrivée vers 7h00 dans le centre de La Paz. Nous retournons à l'hôtel Dinastia, où il faut négocier pour avoir les mêmes prix que la première fois. La fin de la matinée est passée à faire les échoppes d'artisanat, toujours aussi attirant. Heureusement que nos achats sont en partie limités par le problème du transport. On se trouve un petit resto bien local (aucun touriste en vue) dans une arrière cours, où des habitués descendent bière sur bière: la quantité de 'cadavres' posées sur les tables est impressionnante! Il y a même un gars qui tombe de sa chaise sans broncher. On se régale à l'ombre des parasols de l'incontournable pollo - papas fritas - arroz accompagné d'une bonne cerveza. Ça commence à s'animer dans le café lorsqu'un jeune vient gratter de la guitare et qu'ils se mettent à chanter. C'est sympathique, mais nous avons un peu l'impression de déranger dans ce lieu d'habitués du coin.
L'après-midi est passé à se reposer et écrire les cartes postales dans un des cafés un peu branchés (déco sympa, internet, ...). Nous dînons le soir avec cinq autres français dans une chaîne de resto mi-snack, mais il y a du choix, c'est bon, et le vin chilien se boit bien. Nous hésitons à sortir après, mais préférons aller nous coucher.
 

Jour 17 :

Lever à 7h20. Après le petit déjeuner à l'hôtel, nous attrapons un gros collectivo (style bus de campagne) pour aller au cimetière. Il y a des marchands de fleurs partout le long des rues, c'est magnifique. C'est ensuite une ligne de minibus qui nous emmène jusqu'à Tiwanaku, un site archéologique. Il se remplit au fur à mesure dans la banlieue de La Paz. Le rabatteur du véhicule gueule pour essayer de rameuter du monde, même lorsque le minibus est plein!
Arrivée 1h30 plus tard au site de Tiwanaku. Les ruines sont en mauvais état et seul le bâtiment principal - Kalasaya - est un peu mieux conservé avec ses murs aux pierres rectangulaires bien ajustées dont les teintes sont très variées. Le petit musée du site est intéressant, on y retrouve les traditionnels plateaux d'offrande vus en vente à La Paz, composés de fétus de lama; pâtes alimentaires colorées; herbes de tout type; laine brute; ...
Vers 14h00, nous utilisons un minibus juste pour rejoindre la grande route (tous les minibus retournent à La Paz) et attendre, avec quelques boliviens curieux de notre accoutrement, le passage du bus pour Desaguadero, à la frontière avec le Pérou. Après une demi-heure, l'expresso Desaguadero s'arrête et il y a suffisamment de place pour tout le monde.
Le passage de la frontière à Desaguadero se fait sans problème, et après avoir troqué nos bolivianos à de petits changeurs au bord de la route (il n'y a pas de banque en vue, et le contre-valeur est correcte), nous prenons un bus pour la ville de Puno, où nous sommes déjà passés à l'aller. Comme souvent, il faut attendre que le car se remplisse avant son départ, ce qui se fait bien doucement. Le trajet se passe là aussi bien et nous atteignons Puno vers 18h45. Le moyen de transport le plus répandu ici est le 'cyclo-pousse-pousse', que nous utilisons pour rejoindre des hôtels. La ville est extrêmement animée, et après s'être installé dans un hôtel, nous allons profiter de ces festivités. Nous apprenons qu'il s'agit de la fête de l'Université: tous les élèves des écoles des environs défilent dans les rues, différemment costumés et accompagnés de musiciens pour danser. Tous les gens boivent dans la rue et nous offrent des verres de cerveza. Certains de nous changent de l'argent dans une 'casa de cambio' et les comptes s'avèrent bien difficiles pour une des responsables qui semble avoir perdu beaucoup de lucidité...
On se restaure dans un petit resto populaire avec vue sur la rue et diffusion TV des festivités sur une chaîne locale. Coucher vers 22h00.
 

Jour 18 :

Lever 6h20. Nous avons arrangé la veille avec un gars d'une agence un aller-retour pour l'île de 'Taquile' sur le lac Titicaca. Nous sommes emmenés au port et prenons vers 8h00 un bateau, bien rempli avec 30 passagers, pour un long trajet sur le lac Titicaca. Nous faisons une première étape obligée aux touristiques îles Uros. Elles sont effectivement très originales car flottantes, le sol - mou - étant composé uniquement d'un type particulier de roseau et l'épaisseur entretenue. Les côtes, et surtout l'île Taquile, sont étagées en multiples terrasses cultivées. Arrivés au pied de l'île, la montée des marches est assez éprouvantes: il y en a plus de 500 et nous sommes à 4000 mètres d'altitude. La population locale avec ses habits traditionnels apparaît vraiment sympathique, alliée à la sérénité émanant de l'île cela dégage une ambiance vraiment très agréable. Nous sommes accueillis par les habitants qui hébergent les visiteurs à tour de rôle. Nous nous partageons dans l'habitation de 2 familles, celle où je me trouve est assez rudimentaire mais intéressante pour son côté traditionnel. Nous déjeunons de bon poisson grillé accompagné de papas fritas. L'après-midi, nous partons chacun de notre côté visiter l'île. La population vit d'élevage (moutons, vaches, poulets), d'agriculture et de pêche (les bateaux sont peu nombreux). En haut de l'île, il y a des vestiges pré-incas (civilisation tiwanaku), et un peu partout sur les chemins se trouvent de vieilles portes-arche en pierre. Le soir, nous allons boire une bière dans un des nombreux petits bars-restaurants du coin. Pedro, le tenancier, nous explique un peu les principes de la vie en communauté sur l'île. Il n'y a que des gens natifs sur l'île; l'argent gagné avec les visiteurs est redistribué; il y a 15 bateaux et 15 restaurants; au niveau des autorités, les responsabilités sont attribuées à tour de rôle; il y a une école et un collège où sont enseignés surtout la langue castillane et l'artisanat. Ensuite, nous mangeons tous les cinq chez une des 2 familles nous hébergeants: pejerrey (poisson d'eau douce); papas fritas; arroz, délicieux. Nina, notre hôte, a 27 ans et a eu 10 enfants dont 2 sont morts-nés et 2 autres décédés de maladie. Elle nous explique qu'en fait tout l'artisanat textile(on peut voir beaucoup d'hommes tricoter dés qu'ils ont un peu de temps, en marchant,...) est vendu en commun, mais il y a des numéros pour repérer la famille correspondante qui sera payée, il n'y aurait donc pas de réelle redistribution. Ces hôtes n'ont pas l'air bien riches par rapport à d'autres: ils n'ont pas de courant pour leur installation électrique (le gouvernement ne veut plus distribuer cette énergie, et ceux qui en ont les moyens possèdent des panneaux solaires) et même pas de cadenas aux portes (mais cela est sans doute inutile...), les murs sont en mélange pierre et torchis.
 

Jour 19 :

Lever tôt (vers 6h00) pour contempler le lever du soleil. En fait, il y a trop de nuages et l'astre est déjà bien levé, donc je me rendors. Lever finalement à 7h45 et petit déjeuner 30 mn après : café et pan-cakes (ça c'est pas très locale, les habitants de l'île comme dans tout le reste du pays sont influencée par le tourisme, malgré leurs idées d'isolement). Au loin, on peut voir les élèves se rassembler devant l'école. On peut les voir a l'extérieur apprendre les travaux manuels, de petites filles en habits colorés traditionnels jouent ensemble. On croise plus de touristes que d'habitants sur le chemin principal. Un homme m'interpelle pour essayer de me faire venir dans sa maison pour acheter des habits traditionnels. Cela rappelle les différentes personnes qui la veille au soir voulaient que nous venions manger dans leur restaurant ou chez eux. On a bien l'impression qu'il existe une certaine concurrence entre les habitants vis à vis du tourisme et de l'argent qu'ils peuvent apporter. Cela parait aller à l'encontre de l'organisation de la vie dite en "communauté". Ici, il est certain que tous les gens ne sont pas égaux entre eux et que certains en profitent d'avantage que d'autres. On ne comprend pas non plus le fait que les jeunes enfants mendient, quelle est donc leur éducation ? En bref, on a parfois l'impression d'être plutôt dans un village folklorique recréé (comme on pourrait en trouver chez nous) pour les touristes, qui seront malheureusement de plus en plus nombreux. Au total, cela n'arrive pas à la hauteur de ce que l'on espérait, même si on trouve beaucoup de calme sur l'île (mais c'est le propre de toute petite île). En plus d'être constamment en costume traditionnel, tous les habitants marchent pieds nus ou en sandales en pneu (qui servent ensuite de charnières pour les portillons des clôtures), On ne peut pas dire que nous soyons très discrets avec nos grosses chaussures tapant les sentiers. Le midi, nous déjeunons chez nos autres hôtes (pour alterner et ne pas faire de jaloux) qui ont l'air plus riches: électricité, matelas corrects sur les lits (au lieu de simple paille), chambres mieux arrangées,... Nous nous régalons d'une soupe de quinoa et patate, suivie de pejerrey, riz et frites (comme les 2 précédents repas). Un peu plus tard, nous descendons au port principal (il en existe un autre plus petit pour quelques barques de pêche) pour reprendre le bateau vers 14h30. Le vent s'est levé et le ciel est bien nuageux (pour la première fois depuis Machu Pichu). Il y a un peu de houle sur le lac et le bateau a du mal a tenir le cap. A un moment, le câble entre la barre et le gouvernail lâche, obligeant à barrer à la main. Le soleil se cache derrière les nuages de plus en plus menaçant et le vent plutôt frais nous refroidit bien. Peu après 17h30, nous arrivons à Puno et retournons à notre précédent hôtel, faute de mieux et par facilité. Vers 19h30, on part chercher un resto, en profitant pour acheter quelques pulls bon marché en laine de lama. Nous choisissons un café-resto juste à côté pour prendre un verre et dîner: soupe, truite et frites, terminés par un vrai dessert pour une fois (gâteau au chocolat ou au citron). Coucher vers 22h30.
 

Jour 20 :

Grasse matinée (s'il on veut) jusqu'à 8h00. (Pas très facile de bien dormir avec les coups de klaxon incessants dans les rues). Petit déjeuner pris au même endroit qu'il y a deux jours: le Ricos Pan qui fait boulangerie-café-restaurant où les pains sont très bons et le beurre légèrement salé. Nous arpentons le marché non touristique près de la gare: plein de choses à vendre, mais au niveau des pulls, c'est peu intéressant. Après un déjeuner de tripes et pejerrey dans un resto populaire, nous partons vers 14h30 pour l'aéroport en contemplant pour la dernière fois les paysages uniques de champs couleur jaune paille parsemés de fermes en torchis. Le ciel est bien nuageux mais la luminosité toujours aussi forte. Arrivée à l'aéroport de la ville voisine de Juliaca à 15h15. Il faut patienter alors que cela s'agite bien au comptoir d'enregistrement, nous récupérons nos billets (bien confirmés la veille) une bonne heure plus tard. Pendant ce temps, l'orage a éclaté et il grêle! Un groupe joue de la musique traditionnelle pendant 20 mn dans la salle d'embarquement pour récolter un peu d'argent. Le vol se passe ensuite bien avec un escale rapide à Arequipa. A la sortie de l'aéroport de Lima, nous sommes pris d'assaut par les rabatteurs et chauffeurs de taxi. Nous optons pour un break à 15 soles. Les quartiers de la banlieue traversés de nuit paraissent un peu 'craiños', les gens traversant partout entre les voitures (très peu de passages piétonniers qui, de toute façon ne sont pas respectés par les automobilistes). Nous passons à la Plaza de Armas plutôt impressionnante. L'hôtel España où nous voulions aller est bien sûr complet, et nous nous rabattons sur l'hôtel Europa tout près, peu cher (10 s / personne) mais pas bien terrible. Il y a d'ailleurs plus de péruviens que de touristes. Le bâtiment est de style colonial assez typique du quartier. On se trouve un petit resto honnête à côté (il y a la télévision, comme dans le hall de l'hôtel et beaucoup de restaurants au Pérou, alors que c'est beaucoup plus rare en Bolivie). On nous sert de bons plats alors que le service se terminait, je goûte le Tacutacu, à base de poulet, omelette; patte, riz et haricot blanc. Nous nous couchons vers 23h00.
 

Jour 21 :

Lever vers 9h00. Il ne fait pas beau, comme hier, mais ce climat est plus habituel sur la côte. Petit déjeuner continental (habituels café, pain, beurre, confiote et jus de fruit) avant de partir faire un tour à Miraflores pour voir l'Océan Pacifique (costa verde). Une demi-heure de taxi pour découvrir une plage peu intéressante (il n'y a presque personne). On se trempe un peu les mains et les pieds histoire de. Nous dégotons ensuite un 'boui-boui' pas cher pour déjeuner à Miraflores - ville plutôt bourgeoise à la périphérie de la capitale - dans la rue Venezuela. Entrée de patate; soupe; plat plutôt sympa au choix, tout cela pour seulement 4 soles, avec en plus du maté (sucré) à volonté ! On retourne en minibus collectivo vers le centre de Lima, le chauffeur est bien nerveux: quand le klaxon ne lui suffit plus il se met à taper sur sa portière, et il n'arrête pas de slalomer. La circulation automobile à Lima est, pourrait-on dire, bien chaotique. C'est un peu le plus fort qui passe aux carrefours (stops non pris en compte) sauf quand il y a des feux qui sont plus respectés.
Arrivés dans le centre, nous nous baladons autour des places San Martin et De Armas qui sont de style bien colonial (constructions imposantes classiques de l'Amérique du Sud de l'époque conquistador). Lima apparaît en fait comme une ville plutôt fréquentable, le centre ville étant assez agréable, mais on ne retrouve pas l'âme indienne du Pérou. Vers 17h15 nous prenons le taxi pour l'aéroport en retraversant la moche banlieue ouest (maisons de briques et torchis non terminées) qui ressemble à celle des autres grandes villes du pays et de ses voisins. Le taxi nous laisse à l'extérieur du parking car il n'a pas l'autorisation de rentrer dans l'aéroport (il faut payer une carte, l'intérêt pour les clients est de payer moins cher pour une marche de 60m sans problème, ça ne craint pas!).
Devant les boutiques duty free, nous retrouvons 2 français rencontrés à plusieurs reprises (itinéraire proche du notre), un peu moroses car ils se sont fait détrousser la veille au soir: un péruvien dont ils ont fait la connaissance les a emmenés en taxi dans un endroit pour sortir qui n'était en fait qu'un coin pommé où attendaient ses complices qui n'ont eu plus qu'à se servir rapidement: vêtements, argent-passeport-carte bleue (que d'un, car l'autre les avait heureusement mieux planqués).

Nous embarquons tranquillement pour un retour en France, la tête chargée de souvenirs d'un voyage très réussi...
 
 

Circuit (debut)